Here we are.
You can read it below or there, too. Visit the website of that cool venue called « La Biscuiterie » and share this page !
« Le 4 novembre dernier, cette formation étonnante et prometteuse made in Normandie, partageait la scène de La Biscuiterie avec les lillois de Dear Deer. Le temps d’un concert rondement mené, le trio nous a fait la démonstration de l’étendue de ses vertus véloces, suspendues et novatrices.
Quelques mois après cette jolie date, le groupe répondait à un petit entretien, l’occasion de revenir notamment sur des influences parfois bien plus éloignées que celles auxquelles on pourrait penser au premier abord…
Vous avez sorti votre troisième album, What I Owe To Savages, en 2016 chez Anesthetize Productions ; votre premier LP date quant à lui de 2005. Quelle évolution dans votre musique depuis ces dix dernières années ?
Julien : On sait de plus en plus ce que l’on veut faire, on s’éparpille moins… On est plus chiants et intransigeants avec les choses qu’on veut éviter…
Le premier LP, ce n’est pas vraiment le même groupe, d’ailleurs on ne joue jamais de morceaux de cette période. Elle est archivée. On aurait dû changé de nom… Si tu trouve des disques de nous de cette époque, brûle les !
Je dirai que notre son est devenu plus dur avec le temps…
A l’écoute de votre œuvre, l’inspiration de Marilyn Manson, entre autres bien entendu, semble être assez prégnante. Pourtant, vous ne semblez pas vraiment revendiquer cette filiation. Qu’en est-il réellement ?
Julien : J’ai pas mal écouté Manson au lycée. C’était mon côté ado satanique 🙂 J’aime toujours Antechrist Superstar (Nothing Records, 1996) et des vieux morceaux comme Apple Of Sodom ou la reprise de I put a Spell on You de Screaming Jay Hawkins. Mais je ne l’écoute quasiment plus dorénavant. Le personnage qu’il s’était créé était intéressant mais il s’est enfermé dedans et musicalement ça s’est pour le moins dégradé 🙂
Et je ne me dis jamais « tiens, comment il aurait fait ça à ma place », comme je peux me le dire avec d’autres. Ce n’est pas du tout une ligne conductrice dans l’élaboration de nos morceaux et ce n’est pas ce vers quoi on veut aller.
D’ailleurs qu’est ce qui t’y fait penser ? Je suis curieux car je ne vois que peu de ressemblance ….
Romain : Moi aussi je suis curieux de savoir ce qui te fais ressentir ça ! Mais le ressenti a toujours raison hein ! Pour ma part je crois bien que je n’ai jamais écouté un album complet. Ce serait même un peu ce que je n’ aime franchement pas dans le rock des années 90. A part quelques rumeurs quant à une prétendue souplesse, je n’ai jamais trouvé quelque chose d’hyper intéressant chez cet artiste… Nos structures sont plus progressives, non ?
Julien: Tu parles de sa côte en moins? ah ah…
Quelles sont sinon vos plus grandes influences ?
Julien : Nine Inch Nails, Nirvana, Einstürzende Neubaten, PJ Harvey…
Romain : Dead can dance, Minor Threat.
Pourquoi avoir choisit l’usage du vocodeur qui est, il faut l’admettre, plutôt rare dans le milieu du metal ?
Julien : Parce qu’on ne fait pas partie du milieu du metal ! Très honnêtement. On a beaucoup d’amis dans ce milieu mais je trouve le terme réducteur. Il y a de la saturation, de la violence, mais on a rien à voir avec Metallica. On a peut être quelques riffs « sabbathiens »… mais c’est plus proche d’un gros rock froid, sale et grungy que du métal à mes yeux.
Le vocodeur a été une envie à un moment et ça collait bien avec plein d’idées du précédent album (Hear the Chief Moo Downtown). Ça a amené une lumière sur certains morceaux qu’on aurait pas pu avoir autrement. Sur What I owe to Savages, qui est plus sombre, on en a pas ressenti le besoin…
Mais on reste très avides des textures nouvelles, que ce soit aux synthés ou aux guitares…
Romain : Certes notre son s’est durci depuis 10 ans mais je ne trouve pas que ce soit particulièrement influencés par des groupes de métal hein… la vie plutôt, non ?
Parmi les thèmes abordés dans vos chansons, il y a-t-il un leitmotiv, une sorte de fil rouge, morceau après morceau ?
Julien : C’est à toi de me le dire ! De toute façon on aime pas trop les textes trop explicites.Je peux juste te dire que le principe c’est souvent : une phrase correspond à une image.
Romain : On est pas franchement des intellos, tu savais pas ? 😉
La scène rock de Rouen était plutôt active dans les années 70-80, on se souvient notamment des formations marquantes qu’ont été les Dogs ou Les Olivensteins, The Vermines ou encore The Stalkers. Quel état des lieux pour cette scène aujourd’hui ?
Julien : Il y a beaucoup de musiciens à Rouen, beaucoup de projets. On a l’impression que chaque musicien joue dans au moins 4 groupes !
Romain : Sauf nous, hein!
Julien : Rouen, c’est San Francisco, pareil:). Des génies méconnus et des branleurs 🙂
Romain : Il se passe plein de trucs à Rouen, tu veux pas venir écouter ?
Le nom du groupe revêt une connotation inévitablement picturale, avec cette homonymie au célèbre peintre symboliste. Est-ce quelque chose que vous comptez développer davantage, avec des clips, pochettes, etc ?
Julien : On aimerait bien ! Mais on ne maîtrise pas vraiment ni la video, ni l’artwork. Donc c’est très dépendant des rencontres…. On aime vraiment beaucoup ce que fait Sebastien Ouvry, un photographe qui bosse avec de vieux joujoux argentiques. C’est lui qui a fait les photos quasi hantées de What I Owe to Savages. S’il faisait de la vidéo, On pourrait faire du Mürnau 🙂
On va bientôt sortir un disque, qui n’est pas vraiment un nouvel album mais plutôt l’exploitation de vieilles idées avec nos cerveaux d’aujourd’hui. On va sortir ça dans une boîte décorée à la main par Moontain, un ami qui fait de l’Art Brut. Il a déjà réalisé une fresque sur un des murs de notre Studio d’enregistrement. Il a un petit côté Jerôme Bosch de par la multitude de choses à regarder dans ses tableaux… Mais là on va utiliser l’une des rares œuvres abstraites qu’il ait réalisé.
Romain : Et puis on fait pas mal de trucs à côté du groupe, il faudrait aussi qu’on ait le temps pour développer le versant pictural de Klymt et ça n’est pas franchement le cas actuellement ! Ceci dit ce serait vraiment cool de croiser quelqu’un de sympa avec une caméra chouette. (Ou quelqu’un de chouette avec une caméra sympa d’ailleurs…)
C’est une requête systématique pour le blog : si vous deviez faire un top 3 de vos albums préférés, quel serait-il ?
Nine Inch Nails – The Downward Spiral (Island Records, 1994) »